Achille Murati (1733-1801)
Son enfance
Muratu peut s'enorgueillir d'avoir parmi les siens cette figure de proue qui est le Chef d'Armée sous Pasquale Paoli et le Conquérant de Capraia. Acchile Murati naquit à Muratu Suppranu du Capitaine Ghjiseppu et d'Anghjula Marchetti, héritière des Campocasso de Valecalle famille caporalice de Petra à Loreta ou Petra all'Aretta, berceau de l'illustre Achille, lieutenant de Sampieru, là où le seigneur Gugliermu Corticu, se fortifia vers l'an mille, peu après la mort d'Arrigu Bel Messer.
Ses grands-parents coté paternel Bartulumeu Murati qui épousa Durziana Felicelli de Rapale en 1690 dotée de 4500 lires et du coté maternel Achille Marchetti époux de Grazia Galeazzini de A Pieve en 1689. Une famille de sgio' d'autant plus que les alliances agrandissaient le patrimoine. Il eut deux soeurs Elisabetta et Porzia qui épousa Ghjuvan Sale Limarola de Vallecalle en 1750.
Son père également eut deux soeurs, Elisabetta qui épousa Ghjiseppu Maria Casabianca de Rapale en 1720 et Maria épouse de Mariu frère d'Anghjula Marchetti. Maria et Mariu eurent Nunzia comme fille qui épousera Tiburziu Murati (lignée de Morati-Gentile). Une soeur du grand Bartulumeu, Michela épousa Ghjacumu Paulu Peri de Soriu et dont la fille Riparata sera la seconde épouse du colonel Ghjuvan Lurenzu de Petriconi. Une autre soeur de Bartulumeu, Maria Ghjacinta épousa Natale Angeli de Ferringule (Farinole). Achille s'est marié en 1750 avec la noble Tiadora Piana de Santu Petru. La dos fut de 8500 lires. Ils eurent cinq enfants :
- Maria (1755....) qui épousera Bastianu Poletti d'Olmeta di Tuda
- Bartulumeu (1757 - 1856)
- Mariu (1759-1843) qui épousera Maria Virgina fille de Ghjabicu Limarola
- Salvatore (1762-1846) qui se fit moine sous le nom de Prete Don Achille
- Ghjiseppu (1767-1840) capitaine
Le père d'Achille en 1744 vend sa maison à Donghjiseppu q.Ghjuliu Francescu qui lui donne sa tierce partie du clos des Navaghjelli. Il achète pour 587 lires la maison de Ghjaculu Marchetti (cousin de son épouse) au Suttanu en échange des Navachjelli 304 lires. Au Suttanu il achète également la Casa à a Merla en 1757 et celle de sa cousine Michela épouse de Ghjacumu Peri, 1761. Les Génois n'avaient pas accepté l'indépendance de la Corse. Ils détenaient toujours les présides. En 1761, Pasquale Paoli attaque celui de Saint-florent avec Achille et Tiburziu mais sans succès.
Lieutenant de Pasquale Paoli
Capitan' Achille Murati se mit au service de Pasquale Paoli qui depuis 1755 était Général en Chef de la Nation Corse. Il avais sous ses ordres une compagnie de soixante hommes. Le mariage en 1761 de Diunisa, fille de Clement Paoli et nièce du Général, avec Ghjiseppu fils d'Antone Barbaggi et de Maria Ghjiseppa fille du Capitaine Bonaventura Morati, fera accroître la renommée de Muratu. Barbaggi et Tiburziu son cousin au troisième degré, organisent a Zecca ou Frappe de la Monnaie corse en leur demeure de Muratu Suttanu. Muratu devient le centre financier et militaire de la Corse, siège du Magistrato du Nebbiu qui règle les affaires.Mais en 1763 et 1765 à Furiani, Erbalonga et Brandu, Accchille est victorieux contre les Gênois qui doivent se cantonner à Bastia.
La conquête de Caprara (Capraia) en 1767 mettra fin à la souveraineté génoise.Cette petite île au large du Cap Corse que les seigneurs capcorsins de San Colombanu, les Da Mare, possédaient depuis 1198 et que les Gênois s'approprièrent en 1582, est en fait reconquise.
Et lorsque le 17 février 1767 le commandant Achille et son lieutenant Ghjuvan Battista Ristori débarquent des 14 gondoles avec 200 hommes, ils sont acceuillis en libérateurs mais il fallait faire le siège de la citadelle qui dura plus de trois mois et résister à la flotte génoise venue en renfort contrer les "rebelles" corses. Le 29 mai le fort de Capraia capitule. La garnison génoise peut quitter l'ile selon l'accord conclu avec Achille Murati et le commandant Bernardo Ottone. Les Corses récupèrent 13 canons, 1600 boulets, 3 caisses de balles de fusil, 78 sachets de poudre et de provisions de pain et de farine.
La conquête de Capraia est la plus belle victoire corse contre les Gênois. Désormais, ils ne sont plus maîtres de la mer Tyrrhénienne ni plus libres de commercer comme ils le veulent. C'en est fini de plusieurs siècles de domination. C'est la raison pour laquelle le 15 mai 1768, au Traité de Versailles, la République cèdera la Corse à la France tout en voulant récupérer Capraia. Les troupes du roi de France sont en Corse et il va falloir maintenir l'indépendance de la Corse contre eux. Achille Murati se distingue à la bataille de Borgu et dans le Nebbiu.
Il sera même blessé à la tête à Barbaggiu. En 1769, les Français avec une armée renforcée vaincront. Début mai l'offensive est lancée du côté du Nebbiu. le 4 mai, Marbeuf fait avancer la cavalerie jusqu'au Golu. Le lendemain soir, l'armée française campe sur le plateau de Santu Niculaiu de Pieve. Les Corses ont abandonné leurs positions. Paoli quitte Muratu. A Ponte Novu sur le Golu le 8 mai ce sera le piège.
Les Corses vont être pris à revers et forcés à une retraite désordonnée. Voici traduit de l'italien ce que relate dans ses "Memorie" le Colonel Ghjuvan Lurenzu De Petriconi, chef d'état-major au service de Paoli et témoin. "Le Comte Gentili (Antone De Gentile) avec sa compagnie d'Allemands empêcha à quiconque de repasser le pont, seuls, Achille de Muratu et quelques autres du Nebbiu forcèrent les sentinelles avec les fusils montés; le lieutenant Ghjuvan Battistu (Ristori) arrivant avec l'ordre de Paoili de se retirer, Gentili le fit.Le mal cependant était fait par Gentili ["perche quelli non ebbero ardire di rivolta si dal detto Gentili, tornarono indietro ed incontrandosi insieme, caderono nel Ponte"] (Car ceux qui n'osèrent pas se révolter contre les dispositions du-dit Gentili revinrent en arrière en se rencontrant, ils tombèrent sur le Pont) tandis que la légion du-dit Soubise leur déchargeait une tempête de tirs d'arquebuses.
Quelques uns qui savaient nager tentèrent le passage du fleuve mais la colonne descendue de Bigornu les tua dans l'eau ; ainsi beaucoup se jetèrent du pont dans l'eau mais ils furent soit tués soit noyés, peu se sauvèrent. Eurent la vie sauve ceux qui tombés en se croisant et sous les corps des victimes, firent semblant d'être morts ; car étant déjà nuit et la retraite ayant sonné, les soldats ennemis se mirent à chercher rapidement s'ils trouvaient de l'argent et les laissèrent les croyants vraiment morts." Après la défaite, Achille va à Ile-Rousse. Le 19 Paoli lui écrit que si les Pomontinchi réussisent dans leur attaque, les choses se rétablissent. Il est d'accord pour une escadrille. Le 24 mai, Achille part pour Livourne afin de noliser deux bateaux anglais. Il retourne en Corse vers Porto-Vecchio où le 13 juin s'embarquèrent pour l'exil Pasquale Paoli et 380 patriotes. Acchilie n'ira pas à Londres. Il reste à Livourne. Il a avec lui son fils ainé Bartulumeu âge de douze ans. Il est resté quatre ans émigré en Toscane.
Il revient en Corse après la faveur de Marbeuf du 25 mars et le pardon du Roi Louis XV le 26 avril. Avec son sauf-conduit, il arrive à Orezza le 28 août pour être un "bon sujet du Roi". Il lui a fallu la caution d'Anghjulu Luigi de Petriconi qui a payé 1000 francs de l'époque. Il rentre à Muratu. Il décline les offres de Marbeuf qui lui propose à la première réunion des Etats généraux de la Corse, la mission de Député du Tiers-Etats. En 1782, il est podestat major à la Pieve de San-Chirgu. En 1787, pour sa future sépulture, il achète la chapelle de Santa Maria Maddelena dans l'église de Muratu à Riparata Peri cousine germaine de son père.En 1798, à la Révolution française, il est lieutenant Colonel des Gardes nationales du Nebbiu, tandis que Cesare Matteu de Petriconi fils de la première épouse de Ghjuvan Lurenzu née Limarole, est Colonel à Bastia.
Le 14 juillet 1790 Pasquale Paoli rentre d'exil avec l'appui des Révolutionnaires. Achille est Commissaire délégué pour la formation de milices à la Porta et Cervioni. En décembre 1792, Pasquale Paoli Lieutenant Générale de la 23° division militaire ne fait pas participer la troupe de ligne à l'expédition de la Sardaigne. En 1793, Achille se retrouve Lieutenant Colonel en la citadelle de Calvi mais suspecté par le général Maudet alors même qu'il était invité chez lui au café. En fait, la Convention vient de destituer Paoli et le remplacer par Casabianca. Achille n'aurait pas cédé la place. Son fils Ghjiseppu et lui sont incarcérés en mai. Le 16 août, il est envoyé à Antibes avec cinq Calvais dans la tour de Sainte Marguerite d'où ils parviendront à s'échapper la nuit du 2 octobre en descendant jusqu'à la mer à l'aide de toiles de drap et de couvertures, d'une hauteur de 160 empans.Une barque les attendait que Scolastica l'épouse de Marcho Torchino l'un des prisonniers avait affrétée pour la somme de 10 louis d'or soit 40 gros écus d'argent.Ils passèrent la première nuit dans une grotte entre Villefranche et Menton à cause d'une bourrasque. Puis allèrent à Ventimiglia. Le 7 Porto Maurizio chez le commandant Grimaldi qu'il avait bien traité comme prisonnier lors de la prise de Capraia, à Gênes, Livourne jusqu'au 20 décembre.
Il rentre en Corse sur une felouque, passe Capraia, Ile Rousse, Munticellu, Petralba et rentre le 31 décembre chez lui à Muratu. Au début 1794, Pasquale Paoli élabore la constitution du Royaume anglo-corse avec Sir Elliot et préparer un plan d'attaque de Saint- Florent. Le 7 février le colonnel Achille Murati aidé par la flotte anglaise, chasse les Républicains de Saint-Florent et les poursuit jusqu'à Teghjime.
Le 30 mai, Bastia se rendra. Le 29 juillet, Pasquale Paoli demande à Achille d'aller à Calvi soutenir le siège des Anglais. Durant la période anglaise, Achille reste colonel du Nebbiu et membre du Parlement. Sir Elliot est Vice-roi et les affaires ne marchent pas bien pour la Corse. Pasquale Paoli part en octobre 1795 à Londres pour défendre le sort de la Corse directement auprès du Roi Georges III. Mais son départ sera définitif car Bonaparte Général de l'Armée d'Italie enverra le bataillon de Gentili pour chasser les Anglais en 1796. Le 7 février 1797, Achille soutien le comité patriotique de Sant-'Antone de la Casabianca contre les Républicains et pour le salut de la religion.
Leurs chefs étaient Augustinu Giafferi fils de l'illustre général Luigi, Diunisu Gavini et le prêtre Carlu Petru Casalta. Napoléon avait envoyé en Corse le général Vaubois, son frère Lucianu Bonaparte, le général Casalta et à la tête de la gendarmerie Vincentellu Avogari de Gentile de Nonza. Achille voulu s'exiler en Toscane mais au contraire on le chargea de soumettre les rebelles. Le 18 et 19 janvier 1798 plus de 2000 révoltés assiègent et se battent à Muratu.
D'abord à San-Michele puis au village. Achille et sa troupe avec l'aide d'un détachement de Saint-Florent, des volontaires d'Olmeta-di-Tuda (à leur tête Casale), des gendarmes, sera le vainqueur. En 1800, il est nommé membre du Conseil Général du Département par le premier Consul Napoléon Bonaparte.Mais sa santé périssait. Il mourut en 1801 et fut enseveli dans l'église du couvent de Muratu comme il l'avait souhaité par testament. Sur la tombe près de San-Michele que fit édifier son petit-fils du même nom, on peut lire l'éloge que fit Napoléon le Grand à l'illustre Achille, le comparant à Turenne si son champ d'action eut été plus vaste". La plaque latine (voir texte ci-dessous) à la mémoire des illustres Muratais près de cette tombe porte la glorieuse devise des Murati "Amor patriae virtus" (L'amour de la patrie et la vertu.)
Plaque latine près du tombeau d'Achille Murati
LATIN
SAN MICHELE DI MURATU MEMENTO VIATOR FUERUNT IN PROXIMO VICO DIRUTO JOVANINELLUS CORTINCUS A LORECTA SAECULO XIII IN SUBJECTO QUOQUE OPPIDO EVERSO ACHILLES A CAMPOCASSO SAECULO XVI NON LONGE ROMANUS MURATI A MURATO IN VENETA REPUBLICA LEGIONIS TRIBUNUS CUJUS EFFIGIES CONSPICITUR AD PEDES IMAGINIS SANCTAE MARIAE MAGDALENAE IN SACELLO PAROCHJALIS MURATI ECCLESIAE AB EODEM ERECTO QUEM JUXTA STAT ACHILLES MURATI PATRIAE LIBERTATIS HEROICUS PROPUGNATOR A.D. 1769 UNIVERSI SUB UMBRA S. MICHAELLIS TEMPLI SUAEQUE TURRIS QUAM ALTER ACHILLES MURATI BASTIENSIS AULAE CONSILIARIUS FIRMAVIT ET EXTULIT A.D. 1855 VALE
FRANCAIS
SSOUVIENS – TOI VOYAGEUR, ON VECU DANS LE VILLAGE VOISIN DETRUIT , GHJUVANNINELLU CORTINCHI DE LARETTA AU XIIIeme SIECLE,DANS CETTE MAISON FORTE , SOUMISE ET SACCAGEE,ACHILLE DE CAMPOCASSO AU XVI ème SIECLE PEU APRES ,ROMAIN MURATI DE MURATO ,CAPITAINE DE LA REPUBLIQUE DE VENISE ,DONT ON PEUT VOIR LE PORTRAIT AU BAS DU TABLEAU DE SAINTE MARIE MADELEINE DANS LA CHAPELLE ERIGEE PAR LUI EN L’EGLISE PAROISSIALE DE MURATO. TOUT PRES GIT ACHILLE MURATI,COMBATTANT HEROIQUE POUR LA LIBERTE DE LA PATRIE EN L’AN DU SEIGNEUR 1769 ; A L’OMBRE DE L’EGLISE UNIVERSELLE DE SAINT MICHEL ET DE SON CLOCHER QUE L’AUTRE ACHILLE MURATI, CONSEILLER A LA COUR DE BASTIA,A CONSOLIDE ET REHAUSSE EN L’ANNEE DU SEIGNEUR 1855. ADIEU.
CORSE
RAMMENTATI VIAGHJATORE ANU CAMPATU IND’U PAESE VICINU DISTRUTTU GHJUVANNINELLU CORTINCU DI LARETTA IND’U XIII u SECULU NE` SSU FORTE TORNA SOTTUMESSU E` SACCHEGHJATU,ACCHILLE DI CAMPUCASSU IN U XVI u SECULU. VERSU TANDU ,RUMANU MURATI DI MURATU CUNDOTTIERU DI A REPUBLICA DI VENEZIA ,U RITRATTU DI U QUALE SI PO` VEDE A` PEDE DI U GUADRU DI SANTA MARIA MADDALENA IND’A CAPPELLA ERETTA DA ELLU IND’A CHJESA PARUCHJALE DI MURATU GHJUSTU ACCANTU GHJACE ACCHILLE MURATI CUMBATTENTE EROICU PER A LIBERTA DI A PATRIA IN L’ANNU DI U SIGNORE 1769 A` L’OMBRA DI A CHJESA UNIVERSALE DI SAN MICHELI E` DI U SO CAMPANILE CHI` L’ALTRU ACCHILLE MURATI,CUNSIGLIERU A` A CORTE DI BASTIA,HA` CUNSOLIDATU E` RIALZATU IN L’ANNU DI U SIGNORE 1855.